Sous la pression du gouvernement, EDF réorganise son pôle nucléaire en quatre directions. Le ministre de l'Économie est intervenu le 25 mars pour accélérer le déploiement du réseau de production d'électricité. L'entreprise poursuit le programme de construction de six réacteurs, avec un appel à réaliser des économies à grande échelle, notamment pour les professionnels. 

 

Cette dynamique souligne l'importance stratégique du projet nucléaire EDF et les enjeux économiques qui l'accompagnent.

 

Bruno Le Maire : EDF doit faire face à ses responsabilités

 

Face à une situation de plus en plus tendue, Bruno Le Maire n’est pas resté inactif. Il s’invite à la réunion du 25 mars, décidé à taper du poing sur la table.

 

La pression gouvernementale sur EDF

 

Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a récemment marqué sa présence au comité exécutif d'EDF. Par cette action forte, il soulignait alors le contrôle étroit de l'État sur le secteur énergétique, unique actionnaire de l'entreprise. Cette intervention fait suite à des préoccupations concernant les coûts et le calendrier des projets nucléaires

 

L'une des principales préoccupations était le programme de six nouveaux réacteurs EPR 2, dont la construction s'étendra sur plusieurs années. Le coût anticipé du programme de construction de ces six réacteurs, initialement prévus à Penly, Gravelines et au Bugey, est désormais estimé à 67,4 milliards d'euros.

 

Ce coût dépasse largement les 51,7 milliards annoncés en février 2022, expliquant la nécessaire intervention du ministre de l’Économie.

 

Nucléaire : des enjeux économiques et politiques

 

La participation de Bruno Le Maire à cette réunion témoigne de l'importance accordée par le gouvernement au secteur énergétique et à l'entreprise publique EDF en particulier. Avec des investissements colossaux prévus dans la construction de nouveaux réacteurs, le gouvernement insiste sur la nécessité pour EDF de maîtriser les coûts et les délais. 

 

Cette implication directe souligne le rôle clé d'EDF dans la politique industrielle du pays, ainsi que les défis et les responsabilités qui lui incombent dans la transition énergétique.

 

Transformation d’EDF : de vraies solutions à la clé ?

 

Pour faire face à ses responsabilités, EDF doit sérieusement envisager de se transformer. C’est la seule et unique solution pour respecter ses engagements envers l’État et les entreprises françaises, dont la grogne monte face au coût de l’énergie et des énergies renouvelables.

 

Transformation d'EDF pour le projet nucléaire

 

La réunion entre les dirigeants d'EDF et le ministre a mis en lumière les efforts de l'entreprise pour transformer ses méthodes. Forte de ses ambitions, EDF compte bien respecter les coûts et les délais du projet nucléaire. 

 

L'entreprise a rétabli une direction de la construction pour coordonner un tel programme, chose qui manquait depuis le premier grand projet nucléaire français. Ils ont aussi discuté de la maturité du design des futurs réacteurs.

 

Le résultat est sans appel : malheureusement, il n'est pas encore suffisamment avancé pour entamer la construction. Cette prudence découle des retards observés dans des projets français antérieurs, comme l'EPR de Flamanville.

 

Entre attentes futures et défis commerciaux

 

L'élaboration détaillée du design devient une urgence dans ce projet d’envergure. Elle devrait permettre de fixer avec précision le calendrier et les coûts du programme. Il faudra toutefois attendre l’automne 2024 pour obtenir davantage de précisions sur ce sujet. 

 

Parallèlement, les discussions ont porté sur la politique commerciale d'EDF, en particulier sur la commercialisation de contrats à long terme dans le cadre de la régulation post-Arenh. 

 

Cependant, un problème persiste : les grandes entreprises hésitent à s'engager, en raison des prix jugés trop élevés par rapport aux marchés actuels. Sur ce sujet, le ministre a souligné l'engagement d'EDF à renégocier les contrats signés à des prix élevés, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. Une mesure jugée vitale pour leur stabilité financière.

 

La réforme EDF du 1ᵉʳ avril décryptée

 

La réorganisation des activités et centrales nucléaires d’EDF, entrée en vigueur le 1ᵉʳ avril, a pour objectif principal d'améliorer la performance industrielle dans le contexte de la relance du nucléaire. Cette initiative a plusieurs objectifs

  • Regrouper les compétences par métier. 

  • Industrialiser les méthodes de travail.

  • Renforcer la collaboration interne.

 

La nouvelle structure comprendra quatre directions distinctes : 

  • Stratégie. 

  • Technologies. 

  • Innovation.

  • Développement. 

 

Chaque pôle mis en place sera dirigé par un directeur exécutif, respectivement Xavier Ursat, Thierry Le Mouroux, Cédric Lewandowski et Alain Tranzer. Cette restructuration d’envergure ne s’arrête pas là, puisqu’un pôle Industrie et Services sera également établi, dirigé par Bernard Fontana.

 

Que retenir ?

 

Porté par un regain d'intérêt pour les énergies nucléaires, le groupe EDF prévoit de déployer des réacteurs de 3e génération (EPR) à une échelle industrielle, avec un objectif de deux par an. Cependant, l'entreprise fait face à un défi colossal en raison de sa dette élevée et des critiques entourant les retards et les difficultés rencontrées dans ses projets EPR. 

 

Malgré cela, le géant de l’énergie électrique s'engage à répondre aux besoins énergétiques en France ainsi que dans l’Union européenne, en menant à bien ses projets à l'étranger. La réforme du 1ᵉʳ avril est un premier pas vers ces bonnes résolutions.