L’année 2022 détient un nouveau record, celui de voir les énergies renouvelables en tête du mix énergétique électrique européen. Une bonne nouvelle pour la planète qui doit se maintenir pour 2023 et dans les années à venir. Les différentes crises et le conflit russo-ukrainien ont favorisé cette accélération du développement des énergies renouvelables.

 

Le mix énergétique électrique de l’Europe en 2022

 

En 2022, le mix énergétique de l’Europe a changé de visage. Pour la première fois de l’histoire, les énergies renouvelables sont celles qui nous ont le plus fourni d’électricité cette année-là. Le conflit ukrainien a sa part à jouer dans cette hausse de l’utilisation de l’énergie verte. En effet, la France et l’Europe ont dû s’adapter face à l’embargo russe sur le gaz.

 

L’Europe et son utilisation des différentes énergies

 

Le mix énergétique électrique de l’Europe en 2022 se compose comme suit :

  • 22,28 % d’énergie renouvelable ;

  • 21,92 % de nucléaire ;

  • 19,91 % de gaz ;

  • 15,99 % de charbon ;

  • 10,12 % d’hydraulique.

 

Les 22,28 % d’énergies renouvelables sont principalement composées d’énergie solaire et d’énergie provenant des éoliennes. Si l’on regarde quelques années en arrière, l’éolien et le solaire occupaient 8,86 % de la production électrique de l’Europe en 2012. Ce pourcentage augmente d’année en année, tandis que le nucléaire et le charbon baissent.

 

L’hydraulique suit une courbe stable depuis les années 2000. Cela est dû au fait qu’il devient compliqué de construire de nouveaux barrages hydrauliques. Les zones se prêtant à l’hydraulique sont en effet déjà presque toutes exploitées.

 

Une bonne nouvelle pour l’environnement, la place du charbon dans le mix énergétique électrique européen passe de 30,45 % en 2000 à 12,79 % en 2020. Une hausse est constatée en 2021 avec 14,54 % et en 2022, principalement à cause des confinements et du conflit en Ukraine.

 

Pour le gaz, la courbe est en constante évolution. Un pique d’utilisation du gaz pour l’électricité est observé entre les années 2006 et 2012, puis une chute record à 12,64 % en 2014. Après cette année, la courbe remonte, pour arriver aux 19,91 % de 2022. Cette hausse peut s’expliquer par la sortie de l’Allemagne du nucléaire, qui a dû compenser sa production d’électricité nucléaire par l’utilisation du gaz.

 

Le nucléaire en France et ses énergies renouvelables

 

Ce n’est pas la France qui fait baisser la part du nucléaire dans la production électrique européenne. En 2022, 63 % de l’électricité française est produite par le nucléaire. En revanche, le taux de disponibilité des centrales nucléaires est passé de 73 % entre 2015 et 2019 à 54 % en 2022. Cette baisse est liée à la détection de problèmes de corrosion de plusieurs cuves en France. Des réparations sont prévues dans les années à venir, pour augmenter la disponibilité d’ici à 2030, afin d’atteindre la neutralité carbone.

 

En 2022, le mix énergétique électrique de la France est réparti comme suit :

  • 62,7 % pour le nucléaire ;

  • 11,1 % pour l’hydraulique ;

  • 11,1 % pour le thermique fossile ;

  • 8,6 % pour l’éolien ;

  • 4,2 % pour le solaire ;

  • 2,4 % pour le thermique renouvelable et déchets.

 

Cela représente 26,3 % d’électricité produite par les énergies renouvelables. Par rapport à 2021, l’hydraulique est en baisse de 21 % à cause des sécheresses de l’année. En revanche, l’éolien est en hausse de 4 %, le solaire de 30 % et le thermique renouvelable de 6 %. Le thermique fossile est, lui aussi, en hausse de 27 % par rapport à 2021.

 

Les prévisions pour le mix énergétique électrique de 2023

 

Selon les prévisions d’Ember Climate, un groupe de réflexion environnemental à but non lucratif, et en se basant sur les chiffres de 2022, la part des énergies fossiles dans le mix énergétique électrique de l’Europe devrait continuer à baisser. Cette baisse est au profit des différentes énergies renouvelables dans lesquels les 27 investissent de plus en plus. Ce constat est aussi valable pour la France.

 

Les prévisions électriques pour l’Europe

 

Les pays membres de l’UE sont forcés, à cause du blocage du gaz en provenance de Russie, de se tourner vers d’autres énergies pour produire leur électricité. Avant le conflit en Ukraine, l’Allemagne importait près de 60 % de son gaz de Russie. En 2022, ce pourcentage tombe à 0. La contrepartie est que l’utilisation du charbon a augmenté pour palier ce manque de gaz.

 

En 2023 cependant, la tendance est à la diminution de l’utilisation du charbon. En effet, cette énergie génère beaucoup de CO2, son utilisation va à l’encontre des objectifs de la sortie des émissions carbone d’ici à 2050 pour l’UE.

 

Ember Climate estime que la production d’électricité à partir du nucléaire devrait rester stable en 2023. De même, l’hydraulique devrait produire 40 térawattheures de plus, grâce aux conditions climatiques favorables. Les centrales à énergie fossiles devraient produire 20 % de moins d’électricité, au profit des énergies nucléaires et renouvelables.


 

L’avenir de l’énergie renouvelable en France

 

Les centrales nucléaires fermées en France devraient rouvrir petit à petit et permettre de produire plus d’électricité. Cela ferait monter la part du nucléaire dans le mix français, mais descendre la part provenant du gaz importé.

 

Dans ses Programmations Pluriannuelles de l’Énergie (PPE) publiées en mai 2023, le gouvernement prévoit d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique de 50 %. L’objectif est d’atteindre le 40 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique de l’électricité avec 7 ans d’avance (2023 au lieu de 2030). L’État français veut ainsi mettre en service en 2023 en métropole : 

  • 12 MV d’éolien sans stockage;

  • 6 MV d’éolien avec stockage ;

  • 12 MV de petit hydroélectricité ;

  • 7 MV de biomasse et biodéchets ;

  • 20 MV de solaire photovoltaïque sans stockage, sur les toitures ;

  • 24 MV de solaire photovoltaïque avec stockage ;

  • 12 MV de solaire thermodynamique.

 

D’autres structures sont prévues pour la Corse et les DROM-COM. Obligée de sortir de sa dépendance au gaz russe, la France met en œuvre plus rapidement que prévu l’agrandissement de son parc d’énergie renouvelable. Bien que le nucléaire fasse partie des solutions du pays pour atteindre la neutralité carbone, le renouvelable est aussi en train d’émerger dans notre paysage énergétique.